mercredi 13 avril 2011

La situation en Côte d'Ivoire : Maudits soient les yeux fermés, par Théophile Kouamouo

Source : le blog de Théophile Kouamouo



13.04.2011

Comment la France et Ouattara veulent déporter Gbagbo à Korhogo

L'information provient d'une source interne à l'ONUCI. Hier le 12 avril 2011, la coalition franco-ouattariste a pris l'initiative de déporter le président Laurent Gbagbo à Korhogo, dans le nord de la Côte d'Ivoire tenu par la rébellion des Forces nouvelles, en plein territoire hostile et à plus de 600 kilomètres d'Abidjan. Face au refus net de l'intéressé, et sans doute à des pressions diplomatiques discrètes, le projet a été suspendu in extremis, ce qui ne signifie pas - loin de là - qu'il a été abandonné.
Pourquoi déporter Gbagbo à Korhogo ? Premièrement, parce qu'Alassane Ouattara et ses alliés internationaux redoutent plus que jamais la normalisation politique à Abidjan et le retour de la sécurité, qui entraîneraient fatalement des manifestations de soutien massives qui feraient désordre. Ils ont peur d'un retournement de situation, parce qu'ils sont conscients qu'ils ne contrôlent rien, et que le crédit du pouvoir de fait actuel n'a fait que diminuer dans la capitale économique, avec les pillages systématiques dont se rendent coupables ses nervis armés.
Deuxièmement, parce qu'ils ont bien l'intention de "lumumbiser" Laurent Gbagbo. Le parallèle est en tout cas frappant. Après une bataille de plusieurs mois sur fond de dyarchie au sein de l'Etat, les Occidentaux et leurs alliés locaux en République démocratique du Congo ont réussi à arrêter Patrice Lumumba, qu'ils ont déporté dans le lointain Katanga sécessionniste, dans le fief de son adversaire (et marionnette occidentale) Moïse Tschombé. C'est là-bas qu'il a finalement été tué dans la savane, alors qu'il était censé jouir de la protection des Casques bleus de l'ONU, qui n'ont jamais eu de compte à rendre à personne, puisque sa mort était planifiée par les Etats-Unis, la France et la Belgique.

Un témoignage sur les tueries des FRCI à Daloa

Les rebelles continuent leurs exactions à Daloa :
- Au quartier Tazibouo-ceinture, le petit frère du géomètre expert DJESSAN a été sauvagement tué parce qu’il serait un pro-Gbagbo ;
- Deux jeunes élèves de terminale C habitant le quartier 40 logements-piscine, chez le directeur commercial d’une société de la place ont été égorgés par les rebelles parce qu’ils étaient coiffés (à ras, précision).
- Au camp militaire du deuxième bataillon, des jeunes recrues (on compte environ 75 jeunes) qui ont été surpris par l’arrivée sans combat des rebelles dans la ville et qui se sont réfugiés dans une cours ont été brûlés vifs avec la maison. Ceux qui se sont cachés dans le plafond de la maison y ont encore leurs corps. Les rebelles font tout en ce moment pour dissimiler leurs crimes pour effacer toute trace suspecte ;
Dans le village de BEKITAPEA, sur l’axe DALOA-ISSIA, à 7 Km (village voisin à celui de la femme de Guillaume SORO) ils y vont très régulièrement rafaler. Ils ont fait irruption chez une femme catéchiste du nom de Marie et ont pillé sa maison. Tous les Bété autochtones dudit village sont en ce moment dans la forêt.


Au lendemain de l'arrestation du président Laurent Gbagbo, les FRCI poursuivent pillages et exactions


pillages frci.JPG
Dans l'indifférence internationale, des pillages de nature industrielle ont eu lieu le 11 et le 12 avril 2011 dans certains quartiers de Cocody ; tandis qu'une épouvantable chasse à l'homme avait lieu dans des communes populaires comme Yopougon et Koumassi.

De nombreux pillages ont eu lieu dans le pourtour de l'Hôtel du Golf, où réside Alassane Ouattara, et où sont positionnés des centaines de soldats onusiens dont le mandat est de protéger les civils. Les résidences de figures de la majorité présidentielle (LMP) ont été particulièrement ciblées, ce qui suppose une préméditation minutieuse - Pascal Affi N'Guessan, Ouattara Gnonzié, Laurent Dona Fologo, Eric Kahé, Issa Malick Coulibaly, Jeannette Koudou, Emile Dervain, Désiré Dallo, Katina Koné, Danièle Boni-Claverie - ont vu leurs maisons pillées de fond en comble tandis que celle de Théodore Mel est désormais occupée par les miliciens d'Alassane Ouattara. Les pillages ont également eu lieu dans plusieurs quartiers de Cocody où vivent des classes moyennes comme le programme 3 des Rosiers à la Riviera Palmeraie (à dix minutes en voiture de l'Hôtel du Golf, siège de la présidence Ouattara). Dans des quartiers sud comme Treichville et Marcory, des pillages "encadrés" par les FRCI ont eu lieu, comme le montre de manière très explicite la photographie d'illustration de ce post.
A Yopougon et à Koumassi, ce sont des initiatives d'épuration politique d'une violence inouïe et de harcèlement des supposés soutiens de Laurent Gbagbo qui ont été déplorées, surtout le 12 avril. De nombreux témoignages nous sont parvenus, en général totalement affolés. Exemple de l'un d'entre eux, relayé par le blogueur et journaliste Israël Yoroba.
"Au téléphone avec des amis de Yopougon. Ils sont en train de fuir par l'eau. Selon leurs propos, il y a une chasse à l'homme dans leur quartier "Sicogi" et dans bien d'autres de la commune de Yopogon. L'un de me parle d'un dizaine de corps qu'il a vus".
Véronique Aubert d'Amnesty International confirme le climat de terreur que déplorent de nombreux témoins.
"Aujourd`hui (mardi), à Abidjan, des hommes armés, dont certains portaient des uniformes, ont fait des descentes des quartiers habités par des partisans avérés ou supposés de Laurent Gbagbo, notamment à Yopougon et à Koumassi (...) Un témoin a raconté à Amnesty International "comment un policier, appartenant à la même ethnie que Laurent Gbagbo, avait été appréhendé ce matin
(...) à son domicile et abattu à bout portant sous ses yeux". Des dizaines de jeunes gens se cachent actuellement à Abidjan par crainte
d`être tués. Dans l`ouest du pays, des personnes soupçonnées d`être des partisans de Gbagbo sont également terrifiées. Beaucoup se trouvent toujours en brousse après que leurs villages aient été brûlés et ces populations doivent être protégées".

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