vendredi 31 décembre 2010

Fanon, élève de Merleau-Ponty


« Je suis en tant que philosophe contre les idées creuses, contre les objets purement idéaux. Et aussi contre une matière qui ne soit que chose. De même, en politique, je hais le libéralisme verbal sans relation avec la réalité humaine, concrète. Et je suis contre la terreur, qui transforme l'homme en chose. »
Maurice Merleau-Ponty (1908-1961)

Fanon a suivi les cours de Maurice Merleau-Ponty, parallèlement à ses études de médecine, à l'université de Lyon. Le philosophe, un des plus grands du XXème siècle, a notablement influencé la formation du jeune Frantz. Il mourra la même année que lui, d'un arrêt cardiaque à son bureau parisien, à seulement 53 ans.

Article du Monde du 1er octobre 2010 : Penser la chair du monde

jeudi 30 décembre 2010

L'enfant terrible des rues foyalaises

"De son enfance et de son adolescence, on a beaucoup dit, je retiens pour ma part, qu’il était avec deux autres larrons un « danger » à la rue Blénac. Il a été également un bon joueur de football, occupant la place d’avant-centre au Club colonial puis avec deux de ses frères à l’Assaut de Saint-Pierre.
À l’école, il était un bon élève très curieux, mais il semble qu’on ne le voyait jamais apprendre ses leçons.
Autre fait caractéristique : il se présentait toujours à un examen en avance par rapport à son âge et à son niveau – attitude de rupture déjà ?
Dès son plus jeune âge donc, sa personnalité était décrite comme débordante de vitalité – ce qu’on appelle chez nous « an cirè » –, il était avide de savoir, et excessivement courageux et volontaire.
Beaucoup d’anecdotes familiales en témoignent, il avait également des qualités de tribun et il remplissait fréquemment la cour de la maison familiale avec les jeunes du quartier.
Il semble donc avoir toujours évolué sur la base d’une volonté réelle d’existence authentique, qui s’est exprimée par une attitude de lutte contre toute forme d’injustice.
Ceux qui l’ont connu enfant, adolescent ou adulte sont d’accord pour dire qu’il était omniprésent à ses actes, d’une grande justice et d’un courage impressionnant.
La congruence de Fanon se situe, pour moi, d’abord dans son parcours jalonné d’engagements puis de ruptures, ciment d’un être chaque fois plus conscient de lui-même et d’autrui.
« L’existence n’est pas une courbe sinusoïdale, mais une lente, douloureuse, continuelle gestation. Je comprends les faibles mais je ne les aime pas. J’ai horreur aussi de ceux qui croient possible une vie au rabais », voilà la dédicace de sa thèse de médecine à son frère Félix."



Congruence du parcours de Frantz Fanon

France-Lyne Fanon




VST - Vie sociale et traitements, 2006/1 (no 89)
168 pages, Editeur érès

Article complet ici

mercredi 29 décembre 2010

Conférence d'Accra, 5-13 décembre 1958

"Aussi Fanon fera partie, en décembre 1958, avec Ahmed Boumendjel et Chawki Mostefaï, de la délégation algérienne à la Première Conférence de l'Union des Peuples Africains, à Accra, au Ghana. N'Krumah, président de ce Ghana nouvellement indépendant, qui organise cette rencontre, désire en faire la plate-forme de lancement d'une politique africaine. Dans les interventions des délégués algériens, il s'agit principalement de faire reconnaître l'Algérie combattante et de s'assurer de la solidarité des pays africains."
Alice Cherki, "Frantz Fanon, Portrait" (ed. Seuil, 2000)

(Vidéo d'archives en anglais)


mardi 28 décembre 2010

A recepção de Fanon no Brasil e a identidade negra

Antonio Sérgio Alfredo Guimarães
Professor titular do Departamento de Sociologia da Universidade de São Paulo (USP)

Novos estudios - CEBRAP  no.81 - São Paulo July 2008 

RESUMO
Neste artigo, uso fontes bibliográficas e testemunhos para analisar a recepção de Fanon pelo meio intelectual brasileiro, assim como sua influência sobre a formação de identidades negras. Enquanto observo uma recepção morna, argumento que isso se deveu a três fatores: primeiro, a especificidade da esquerda latino-americana nos anos 1960; em segundo, uma constituição racial e nacional totalmente oposta a conflitos raciais; e, em terceiro, o número reduzido nas universidades brasileiras de professores e pesquisadores negros que abordem a formação da identidade negra ou a afirmação de sujeitos racialmente oprimidos.

Artigo completo aqui (PDF)

lundi 27 décembre 2010

La citation de la semaine


"Non, nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l'homme, de tous les hommes. Il s'agit de ne pas étirer la caravane, car alors chaque rang perçoit à peine celui qui le précède et les hommes qui ne se reconnaissent plus se rencontrent de moins en moins, se parlent de moins en moins."
Les Damnés de la Terre (1961)

dimanche 26 décembre 2010

Paul Vigné, précurseur français de l'anticolonialisme au XIXème siècle




Paul Vigné : la voix des sans voix...
Marie-Joëlle Rupp, ici en compagnie de Jean Mesnard, président de l'Academie des sciences morales et politiques.

Né à Montpellier en 1859 et décédé à Octon en 1943, le médecin et écrivain, Paul Vigné, a été sans doute le premier pourfendeur de la colonisation française. Marie-Joëlle Rupp qui a déjà consacré deux ouvrages à des acteurs de la décolonisation (Vinci soit-il, édition Le temps des cerises, et Serge Michel, un libertaire dans la décolonisation, chez Ibis presse) signe une biographie de Paul Vigné dit d'Octon, saluée par un prix de l'académie des sciences morales et politiques, le prix Paul Vigné d'Octon 2010 ! Interview...
Une biographie de Marie-Joëlle Rupp. Dans sa préface, Jean Lacouture n'hésite pas à parler de Paul Vigné d'Octon comme d'un précurseur de Césaire, et le président Algérien, Abdelaziiz Bouteflika, comme d'un précurseur de Frantz Fanon. N'est-ce pas surdimensionné ?
Non pas du tout parce que Paul Vigné d'Octon a mis en évidence cet aspect pervers de la colonisation qui allait tout autant agir sur le colonisé que sur le colonisateur. Et on retrouve cette idée chez Césaire. C'est bien Paul Vigné d'Octon qui l'a mise en avant dans ses écrits.
A quelle époque sommes-nous quand il dénonce la colonisation et comment le fait-il ?
Jeune médecin de la navale, il est envoyé en Afrique vers 1885 et où il découvre les massacres des populations dites indigènes. En humaniste qu'il était déjà, il est absolument horrifié et il n'aura de cesse, de retour en France, de dénoncer d'abord par la plume, dans des romans coloniaux, puis par la politique. Elu en 1893, député de l'Hérault contre Paul Leroy-Beaulieu, le théoricien de la colonisation, il prendra la Chambre pour tribune.
- Marie-Joëlle Rupp est journaliste indépendante, collaborant entre autres au Monde Diplomatique. 
Propos recueillis par F-X.G. (agence de presse GHM) France-Antilles Martinique - 07.12.2010

samedi 25 décembre 2010

Aimé Césaire et Frantz Fanon. Portraits de décolonisés, par Pierre Bouvier




Ils sont tous deux Martiniquais. Ils ont tous deux lutté contre le colonialisme et l'héritage de la traite et de l'esclavage. L'un est célébré par la République française (Césaire), l'autre presque ignoré (Fanon).
L'analyse croisée de leur biographie et de leurs écrits éclaire les débats les plus actuels sur la mémoire des femmes et des hommes d'origine africaine et les difficultés à se débarrasser de l'aliénation coloniale.
Aimé Césaire (1913-2008 ; Cadastre 1961, Tragédie du roi Christophe 1963), le poète et le chantre de la négritude, député-maire de Fort-de-France, s'élève avec vigueur et lyrisme contre le passé de la colonisation. Il milite en faveur d'une autonomie négociée au sein de la République métropolitaine. Ses prises de position, tant littéraires, mémorielles que politiques, marquent fortement la communauté antillaise et plus généralement la diaspora africaine.
Frantz Fanon (1925-1961 ; Peau noire, masques blancs 1959, L’an V de la révolution algérienne 1959, Les damnés de la terre 1961), médecin et psychiatre, se confronte aux faux-semblants identitaires des colonisés dans les départements d'Outre-mer et d'Afrique du Nord : ses consultations psychiatriques lui révèlent les stigmates infligés par leur statut aux Antillais et aux immigrés maghrébins et sahéliens. Il dénonce les pratiques asservissantes qu’impose l'assimilation et devient ainsi le porte-parole des générations contestataires.
Ces deux fils de la Martinique ont atteint une dimension universelle qui aujourd’hui particulièrement nous donne la mesure et l’intelligence des attentes et des enjeux de l’ère post-coloniale.

288 p.  (2010)
ISBN-10 2-251-90003-9
ISBN-13 978-2-251-90003-2

vendredi 24 décembre 2010

Aimé Césaire, figure tutélaire pour le jeune Fanon



"En 1939, aucun Antillais aux Antilles ne se déclarait nègre, ne se réclamait nègre. Quand il le faisait, c'était toujours dans ses relations avec un blanc. C'est le blanc, le "mauvais blanc" qui l'obligeait à revendiquer sa couleur, plus véritablement à la défendre. Mais on peut affirmer qu'aux Antilles, en 1939, aucune revendication spontanée de la négritude ne jaillissait.
C'est alors que successivement, vont se produire trois événements.
Et d'abord l'arrivée de Césaire.
Pour la première fois, on verra un professeur de lycée, donc apparemment un homme digne, simplement dire à la société antillaise "qu'il est beau et bon d'être nègre". Pour sûr, c'était un scandale. On a raconté à cette époque qu'il était un peu fou et ses camarades de promotion se faisaient fort de donner des détails sur sa prétendue maladie.
Quoi de plus grotesque, en effet, qu'un homme instruit, un diplômé, ayant donc compris pas mal de choses, entre autres que "c'était un malheur d'être nègre", clamant que sa peau est belle et que "le grand trou noir" est source de vérité ? Ni les mulâtres, ni les nègres ne comprirent ce délire. Les mulâtres parce qu'ils s'étaient échappés de la nuit, les nègres parce qu'ils aspiraient à en sortir. Deux siècles de vérité blanche donnaient tort à cet homme. Il fallait qu'il fût fou car il ne pouvait être question qu'il eût raison.
L'émoi apaisé, tout sembla reprendre son allure première... Et Césaire allait avoir tort quand le deuxième événement se produisit : je veux parler de la défaite française."

Antillais et Africains, article initialement publié dans la revue Esprit de février 1955 (disponible ici ). Repris dans "Pour la Révolution africaine", 1964. 

jeudi 23 décembre 2010

Un enfant qui s'interroge

Alice Cherki raconte un souvenir d'enfance rapporté par Fanon, et qui l'a particulièrement marqué :

Statue de Victor Schoelcher,
Ancien Palais de Justice, Fort-de-France
"De ce temps-là, le seul souvenir un peu personnel qui me fut raconté par Fanon, avec une certaine émotion et une gravité disproportionnée au souvenir, est ce que répétitivement je ne peux m'empêcher d'appeler "l'épisode Schoelcher" :
Emmené, à dix ans, comme tous les enfants de l'école au monument Schoelcher pour rendre hommage au héros qui a "libéré les esclaves de leurs chaînes", le petit garçon de l'école primaire se demande brusquement pourquoi celui-ci est un héros ; qu'est-ce qu'il y avait avant dont on ne parle pas et qui a eu lieu ? C'est cet avant qui mérite qu'on l'honore, qu'on en parle, cet inouï d'hommes et de femmes mis en esclavage, assujettis au Code Noir. L'homme se trouble en évoquant ce vacillement confus du petit garçon qu'il fut. (...) Ce jour-là, dit l'homme parlant de l'enfant, "j'ai compris pour la première fois que l'on me racontait une histoire qui s'écrivait sur un déni, que l'on m'indiquait un ordre des choses falsifié. J'ai continué à jouer, à faire du sport, à aller au cinéma mais rien n'était plus pareil. C'est comme si j'ouvrais mes yeux et mes oreilles."
Alice Cherki, "Frantz Fanon, Portrait" (ed. Seuil, 2000)

mercredi 22 décembre 2010

CASEY fait un clin d'oeil à Fanon, en parlant de "Chez moi"



Chez moi
Casey
Album "Tragédie d'une trajectoire"
(2008, Label : Doeen Damage)

Connais-tu le chardon, la chabine
Le coulis, la peau chapée, la grosse babine
La tête grainée qu'on adoucit à la vaseline
Et le créole et son mélange de mélanine
Connais-tu le morne et la ravine
Le becquet qui très souvent tiens les usines
La macquerelle qui passe son temps chez la voisine
Et le crack et ses déchets de cocaïne
Connais-tu le Mont-Pelé et la savane
Les pêheurs du Carbel, les poissons de tartane
Et les touristes aux seins nus à la plage des Salines
Pendant que la crise de la banane s'enracine
Connais-tu 
Frantz Fanon, Aimé Césaire
Eugène Mona et Ti Emile
Sais-tu que mes cousins se foutent des bains d'mer
Et que les cocotiers ne cachent rien d'la misère

Refrain (Bis): Chez moi, j'y vais par période
C'est une toute petite partie du globe
Tu verra du Magra sur les draps, les robes
Et puis sur la table, du crabe, duu shrob






mardi 21 décembre 2010

Frantz Fanon's thesis of violence: What relevance for modern Africa ?

By: Tongkeh Joseph, June 2008

Introduction

The struggle against oppression was the central thesis of Frantz Fanon's revolutionary philosophy. And colonialism was the target of this fury. Fanon condemned colonialism in the most bitter terms and advocated violence in its most extreme form to confront this plague. In his words, "colonialism is not a thinking machine nor a body endowed with reasoning faculties. It is violence in its most natural state ... and will only yield when confronted with greater violence." This revolutionary outlook is reflected in many of Fanon's works, among which include: Black Skin White Masks, A Dying Colonialism, Toward the African Revolution and The Wretched of the Earth. The latter book, acclaimed as Fanon's most accomplished work, has been described as the "bible of decolonization" because of its radical impact on, and eventual success of the anti-colonial struggle.

Half a century after Fanon's death, his thesis of violence still remains an object of heated debate. This controversy is increasingly fanned by the undying contradictions within postcolonial Africa. Dr. Homi K. Bhabha questioned the relevance of Fanon's radicalism in contemporary Africa. "Is The Wretched of the Earth now only a historical and scholarly artifact?" he asked. Continued he, "In the era of globalization is it a relic of naturalistic struggle? Or do Fanon's insights transcend the particulars of his time? Might they help us make sense of today's political and economic tensions?" Dr. Bhabha's doubts suggest both the climate of tension and uncertainty in Africa on the one hand, and the almost-futile search for solutions to the innumerable problems infecting the continent. All of these calamities always boil down to conflicts of one form or another. Where is Fanon's place in this violence-plagued continent ?

Judged against the background of current upheavals in Africa, one requires a deeper reading and then a second interpretation of Fanon. These twin tasks can only make sense when we strive to understand the climate of Fanon's time and compare it with that of today. Given that Africa alone currently accounts for more than 35% of the world's conflicts, Fanon still has many questions to answer. Firstly, did Fanon in the middle of his rage ever prescribe an end to violence in Africa in the foreseeable future? Secondly, what is the difference between the unabated spiral of violence in Africa and the colonial-type violence? Put in other words, is violence in contemporary Africa a mark of change or is it of continuity? Thirdly, is half a century not time enough for Africa to reconsider its reverence for violence? And consequent upon these questions, is the struggle lost for Africa ?

lundi 20 décembre 2010

La citation de la semaine


"Il ne faut pas essayer de fixer l'homme, puisque son destin est d'être lâché."
Frantz Fanon, "Peau noire, masques blancs" (1952)

dimanche 19 décembre 2010

Décembre 1959 : Émeutes à Fort-de-France

Le 20 décembre 1959, un banal accrochage entre un automobiliste pied-noir et un motocycliste martiniquais déclenche 3 jours d'émeutes qui ébranlent durablement les Antilles. C'est la 1ère grande crise qui intervient après la départementalisation de 1946.
Trois jeunes martiniquais seront tués par la répression policière : Edmond Eloi, dit Rosile (20 ans), Christian Marajo (15 ans) et Julien Betzi (19 ans). Un des neveux de Frantz Fanon verra Marajo tomber sous ses yeux, à Fort-de-France.

Frantz Fanon, depuis l'exil, réagit aux événements dans un article d'El Moudjahid (n°58, 5 janvier 1960) :

"Le sang coule aux Antilles sous domination française
Ainsi donc les vieilles colonies elles aussi empruntent le chemin de la "rébellion". Ces fleurons de l'empire, ces pays castrés qui donnèrent tant de bons et loyaux services se mettent à bouger. (...)
Les services français d'information prétendent que l'origine de l'émeute serait un banal incident de circulation. Peut-être. Mais alors pourquoi cette subite ampleur ? D'où vient qu'une population réagisse avec tant de violence, tant de rage. D'où vient que les C.R.S. réagissent avec tant de précipitation, tant de désinvolture pour la vie de "concitoyens".
En réalité le problème est posé. Et c'est tant mieux. La fiction Antilles françaises, la formule "pour l'Antillais, il n'y a pas de problème" sont remis en question. Et c'est tant mieux.
Les vieux politiciens, assimilés, infestés du dedans, qui depuis longtemps ne représentaient que leurs intérêts médiocres et leur propre médiocrité doivent aujourd'hui être très inquiets. Ils découvrent soudain que les Martiniquais peuvent parfaitement être traités en rebelles par la France. Ils découvrent aussi l'existence d'un esprit rebelle, d'un esprit national."
(article reproduit dans "Pour la Révolution africaine")

Les événements ultérieurs donneront partiellement tort à Fanon. Le réveil bien réel d'un sentiment national antillais, manifesté à travers les affaires de l'OJAM en Martinique, du GONG en Guadeloupe, sera balayé par la riposte du pouvoir colonial : ordonnance Debré du 15 octobre 1960, qui impose d'office une mutation en France aux fonctionnaires antillais, guyanais et réunionnais soupçonnés de sympathies avec les mouvements indépendantistes ; mise en place du Bureau des Migrations d'Outre-Mers (BUMIDOM). Le frère de Frantz Fanon, Joby, sera visé par l'ordonnance de 1960, ainsi que les écrivains Edouard Glissant et Georges E. Mauvois. Plus de 50 ans après, les émeutes de décembre 1959 sont magnifiées par une certaine mouvance militante, mais ne représentent, au fond, qu'une explosion sociale ponctuelle, sans réelle portée politique profonde, proprement dite. D'aucuns diraient qu'il en a été de même pour la grande grève de février 2009, mais il est probablement trop tôt pour en tirer les conclusions...





samedi 18 décembre 2010

Frantz Fanon l’homme de rupture, de Abdelkader BENARAB


C’est avec beaucoup de finesse que Mr. Abdelkader BENARAB distingue ce que Fanon estime être la cause fondamentale de l’aliénation du colonisé. Il décortique avec clarté les motifs que Fanon oppose au raisonnement d’Hegel concernant les rapports du maître et de l’esclave. Je vous laisse le plaisir de suivre sa démonstration. Il éclaire les relations ambigües de Sartre et de Fanon, notamment à propos de la préface Des Damnés.

 Pourquoi Fanon homme de rupture, alors que la majorité de ses contemporains colonisés aspiraient, en dépit et au-delà de la colonisation, à « une rencontre bien totale » et « une postulation de la fraternité » (Césaire), au « rendez-vous du donner et du recevoir » (Senghor), à « l’humanisme universel » (Alioune Diop, Rabemananjara etc.) ? 
Mr BENARAB conforte aussi ses arguments en référant aux travaux d’Edouard Said et Homi Bhabha.
11 € ISBN 978-2-35759-013-7

Chronique de Djilali Benchikh.


Ecoutez

vendredi 17 décembre 2010

Frantz Fanon et Edward Saïd

Frantz Fanon, une oeuvre d'actualité
Le colloque organisé par Avenpace Institution sur Frantz Fanon, «Fanon anti-colonial, Fanon post-colonial» a été clôturé jeudi, laissant l'idée marquante que l'oeuvre de Fanon propose une réflexion sur des thèmes qui restent étroitement liés à l'actualité d'aujourd'hui. Edward Saïd, l'intellectuel palestinien, dans son livre «Culture et impérialisme» (1992), souligne très bien ce caractère lorsqu'il dit: «Lire Jane Austen sans lire aussi Fanon et Cabral, c'est couper la culture moderne de ses racines, de ses engagements, de ses attaches...». Edward Saïd a raison de souligner que la modernité de Fanon est de«déformer l'empire de la culture dominante et de son adversaire nationaliste, dans une démarche qui entend regarder au-delà des deux vers la libération», estime Alice Cherki, psychanalyste et auteur de la biographie de référence de Frantz Fanon. Pour Cherki, l'un des thèmes centraux de «Peau noire, masque blanc», premier livre de Fanon, paru en 1952, est le trouble de l'image corporelle sous le regard opaque et rejetant de l'autre. «(...) Le sujet colonisé et racisé est fragilisé dans son devenir, et Fanon dira d'une façon éloquente l'effet de pétrification, de sidération que produit la rencontre avec cette situation», souligne Alice Cherki, avant d'affirmer que ce type de situation que Fanon nous aide à interroger est d'une grande actualité. «Le grand corps malade», comme le clament certains jeunes aujourd'hui (les jeunes de la banlieue issus de l'immigration en France, ndlr).

jeudi 16 décembre 2010

Une enfance coloniale

Frantz Fanon grandit dans un environnement familial relativement privilégié, mais dans un contexte qui n'en est pas moins celui d'une Martinique coloniale.

Les années 30 sont marquées au fer rouge par l'affaire André Aliker. Ce journaliste communiste qui sera assassiné pour avoir enquêté de trop près sur un scandale politico-financier impliquant le plus gros industriel "béké" de l'époque, Eugène Aubéry. 

Le cinéaste Guy Deslauriers fera de cette tragédie un film en 2009 :



mercredi 15 décembre 2010

Zach de la rocha, KRS-one & Last Emperor's tribute to Frantz Fanon


zach de la rocha, krs-one & last emperor - c.i.a
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CIA (Criminals In Action)
Zack De La Rocha, The Last Emperor & KRS-ONE

Yeh! yeh! yeh! yeh! yeh! yeh!
KRS-1 coming thru... Big Zack... Last Emperor
Woo! Woo!...that's the sound of EMS...
(Ha Ha!)...Last Emperor, KRS...
(Ha Ha!)...Big Zack you know the rest...
Now we gonna come down like this now, hold tight, all crew... LISTEN!

This voice shatters the calm of the day like an alarm
so wake up bright anew; and take up arms 
'cause more is necessary than vocabulary war
'cause the toxic rock import's hitting on your door
C.I.A. I'll see you later; 'cause your time is coming soon
I'll flip the shit like Pacino in a Dark Dog Day Afternoon
Attica! Attica!, drug agents you bring your statica
my alphabet will slash & then can flip you automatica, dramatic;
like Ali Shaheed Mohammed brought the vibe
I'll bring the sun at red dawn upon the thoughts that Frantz Fanon
so stand at attention devil dirch;
you'll never survive choosing sides against the wretched of the earth
The infiltrator 
child intoxicator
people incarcerator
liberation movement annhilator
We got you clocked pushing rocks and it failed
we got brothers trooping subways like the Ho Chi Ming trail
we got the truth daddy, Last Emperor, KRSin' history's manifestin' 
tomorrow's next lesson.

mardi 14 décembre 2010

Frantz Fanon y la vía dolorosa del desarrollo de la nación argelina

Axel Schmidt
CEPSAL-Universidad de Los Andes, Mérida - Venezuela


Resumen
1956, en plena Guerra Fría, el psicólogo martinico Frantz Fanon, decepcionado de la civilización europea, se integra en la lucha de independencia de Argelia como su principal teórico. Tiene una visión muy clara de las metas y advierte de los obstáculos del desarrollo poscolonial. Sin embargo, la suerte política de Argelia independiente no depende únicamente de la voluntad de algunos individuos intelectuales sino también de sus condiciones naturales, de las tradiciones históricas (precoloniales, coloniales y de resistencia) y de la vigente situación internacional. A pesar de circunstancias muy favorables, el país sigue luchando con los desafíos del siglo XXI.

lundi 13 décembre 2010

La citation de la semaine

Le cri, Edvard Munch (1893)






"En tant qu'homme, je m'engage à affronter le risque de l'anéantissement pour que deux ou trois vérités jettent sur le monde leur essentielle clarté"
Frantz Fanon, "Peau noire, masques blancs" (1952)

dimanche 12 décembre 2010

Olivier Fanon, 50 ans après la Déclaration de l'ONU sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux

"Faire face à une nouvelle forme de re-colonisation" 
Olivier Fanon, fils du défunt Franz Fanon, a apporté, en marge des travaux de la Conférence internationale marquant le 50e anniversaire de l’adoption par l’Onu de la résolution 15 14 consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sa lecture de cet évènement et son regard sur ce qui demeure à accomplir. S’agissant de la résolution 15 14 octroyant l’indépendance aux pays et peuples colonisés, Olivier Fanon a soutenu que «pour moi, il s’agit d’un acte fondateur, et légitimement symbolique» Et de souligner qu’ «en tant qu’Algérien j’ai été pétri dans la lutte de Libération, je suis né en 1955 et j’ai vécu toujours en guerre, mon père était représentant du GPRA, nous avons vécu dans les camps, aux frontières, mon père était condamné et recherché», rappelle-t-il. 

Un vécu qui pour Olivier Fanon se résume comme suit : «J’étais élevé dans l’action militante active de la Révolution et la guerre. Les grands principes internationaux, je les respecte bien entendu, et toute indépendance s’obtient par la force. N’oublions pas que durant les années 1960, années de la décolonisation, l’Algérie a obtenu son indépendance après une guerre de décolonisation et ça n’a pas été un don» souligne Olivier Fanon. Ceci en ajoutant que «par ailleurs, il y a eu des pays qui disaient nous voulons rester avec vous (le colonisateur) et il ne faut pas oublier que nous, nous avons mis dehors le colonisateur français». Evoquant par la suite dans ses propos la décolonisation du Sahara Occidental ( envahi par le Maroc en 1975, ndds) en déclarant que : «La résolution 15 14, c’est aussi aujourd’hui la légitimité du combat qui continue du peuple sahraoui et moi je suis pour la lutte active» soutient Olivier Fanon. Précisant par ailleurs, qu’ «Il y a la lutte à mener au sein des grands forums internationaux mais il y a la lutte sur le terrain et l’indépendance s’acquiert par la force et la lutte, aujourd’hui, comme hier et aussi demain, voila ce que représente pour moi la Résolution 15 14.» .